« Le mythe autour du patriote le plus commémoré nous portait à croire
que la dame qui avait accepté d’unir sa destinée à un de Lorimier et de garder
la mémoire d’un époux injustement arraché à la vie, cette femme devait posséder
aussi un caractère assez particulier. Faut-il la chercher parmi les 250 femmes
patriotes réunies à Saint-Antoine-sur-Richelieu pour un dîner public, au cours
duquel tout article importé devait être banni? Il y avait là des femmes qui
suivirent volontiers les recommandations de Papineau, et qui étalèrent à qui
mieux mieux leurs étoffes du pays, d’autres qui s’emparèrent des mousquets des
la garde d’honneur qui les entourait et qui tirèrent un coup ou deux pour
souligner les « santé » ou pour montrer leur bravoure. »
(Réf. : Gingras, Y. Henriette
Cadieux, femme patriote, épouse d’un patriote, p. 13)
**********
Bon nombre de patriotes ont laissé des correspondances qui heureusement
ont été mises au jour par de nombreux chercheurs dont Georges Aubin. Voici un
extrait d’une lettre de Louis Perrault à Louis-Joseph Papineau :
Burlington, 19 février 1839
Mon cher M. Papineau,
J’ai reçu dans son temps votre lettre d’Albany, datée du 3 courant. Je
me réjouis, avec le reste de nos compatriotes, sur votre départ pour la France.
J’espère que voua aurez une traversée heureuse et que déjà tout promet que
votre mission sera avantageuse pour notre malheureux pays.
Je vous l’annonce avec
peine : cinq patriotes ont encore, vendredi dernier, été immolés pour
assouvir la soif de la faction qui a toujours fait le malheur du Canada. Ils
sont morts avec bien du courage. Chevalier de Lorimier était du nombre. Ce
pauvre infortuné écrivait à George Cartier, le soir même qu’il reçut l’arrêt
fatal, entre autres choses, ‘qu’il était préparé à prendre le grand chemin de
l’Éternité, qu’il se trouvait ferme et résolu et qu’il espérait continuer dans
autant de force’. Puis, remerciant George pour son attention durant le procès,
il le prie de se rappeler de lui après sa mort et de ne pas oublier qu’il meurt
sur l’échafaud pour son pays.
**********
« Nous soussignés, au nom du peuple canadien, exposons
que nous venons de subir une déroute près des frontières. Nous nous sommes soulevés
en masse et nous le sommes encore.Nous manquons de chef ; la
population américaine, le long des frontières, est hors d’exécuter la
sympathie, qu’ils ont pour vous, [vu] que nous avons été trompés. Le peuple
canadien s’est levé, croyant vous avoir à leur tête. Aujourd’hui, vos
compatriotes gémissent de voir que vous ne venez pas de l’avant. » (John
Ryan – Capitaine, athée et patriote, José Doré, Éditions Point du jour, p. 124, lettre adressée à Louis-Joseph
Papineau, de la part d’une vingtaine de patriotes, dont Jeremy Bentham Ryan)
«Ô fils aîné de ma patrie! / Ô toi! de ton pays et l'orgueil et l'espoir! / Évoque ton passé comme un vivant miroir. / Un monument s'élève à ton génie, / Ce monument est immortel: / L'amour te l'érigera dans l'âme de tes frères / Comme on bâtit un saint autel / Pour transmettre à leurs fils le culte de leurs pères [...] Tel, sur le Canada, comme une étoile heureuse, / Renaît en souriant, la nuit voluptueuse, / Tu reviendras un jour, brillant de ton éclat, / Régner dans la tribune et [gouverner
] l'état! » (Les Patriotes de 1837-38 en Mauricie et au Centre-du-Québec, Jean-François Veilleux, Les Éditions du Québécois, p. 165, poème
À l'honorable Louis-Joseph Papineau)